Rien de telle qu'une belle petite promenade...

Ces dernières année ont été riches en évènements malheureux pour moi. Mon fils Andrew est homosexuel, Rex est décédé à cause de George avec qui j'ai failli être mariée, je suis devenue membre des alcoolique anonyme après avoir réalisé que la boisson était me meilleure ennemie, et pour finir, j'ai été prise en ôtage par le fils des nouveaux voisins qui ont finalement déménagé. Je n'en reviens d'ailleurs toujours pas. Comment at-il pu osé me viser avec son arme, alors que je lui avais offert des cookies en guise de bienvenue, à lui et à toute sa famille.
Enfin bref.
Après avoir fait le ménage et la cuisine à la maison, j'ai décidé de venir faire un tour au parc, afin de respirer pleinement l'air pur de la nature. Quand d'un seul coup....

"Quelle odeur imonde !"

Me surpris-je à dire seule, alors qu'il n'y avait personne autour de moi. Encore un chien qui avait fait ses besoins ici sans que son maître ne se préoccupe de nettoyer les saletés de son animal ! Cette odeur est répugnante, il faut que je change d'endroit et vite !
Je me dirige alors rapidement vers le nord du pard, endroit auquel se trouve une balançoire, des bancs et de jolis rosiers. Là-bas, j'y serais sans doute mieux.
En arrivant là-bas, je constate alors qu'effectivement, l'odeur des roses rouges et blanches prédomine, à mon plus grand bonheur. Je peux enfin respirer à fond la bonne odeur de la nature. Je décide donc de m'installer sur un banc, afin de réfléchir à tout ce qui m'est arrivé ces temps-ci...

Cette ville est tout simplement magnifique. Je me perds chaque soir en émerveillement sur son compte alors que je ferme la lumière de ma chambre. Vraiment, je crois que c'est la meilleure chose que j'ai faite de ma vie en m'installant ici. Jesse me le dit d'ailleurs souvent. Si seulement ces lettres de menaces pouvaient ne pas nous retrouver, nous pourrions rester ici pour toujours. Mais mon négativisme inné m'empêche de trop espérer. Je ne suis pas idiote. Je sais que la vie ne m'a pas gâtée et qu'elle ne le fera sans doute jamais. Je repense à l'accident de mon frère, celui qui est passé à deux doigts de lui enlever la vie. Oh s'il avait fallu que mon Jesse ne survive pas, que serais-je donc devenue ? Une loque, je serais bien sûr folle de chagrin à l'heure qu'il est, je crois que j'aurais même du mal à admettre sa mort. Mais pourquoi m'en faire avec cette vieille histoire ? Il est là maintenant. Il m'attend à la maison, pour le moment où je rentrerai de ma promenade. Ordinairement il serait venu avec moi, mais il se sentait fatigué, alors je n'ai pas trop insisté.

J'entends des pas près de moi, dans le parc. Je tourne la tête vers la gauche, apercevant une jolie dame rousse sur un banc. Sa manière d'être assise, ce port de reine, cette façon de relever le menton… Admirable, quoi que peut-être un peu fraichier. Mais qui suis-je pour juger ? Je ne connais même pas cette femme. Je la salue gentiment de la main en m'avançant vers son banc.

-Cette place est libre ? je demande en souriant de toutes mes dents.

Oui, j'ai toujours aimé socialiser avec les gens, parler, principalement de moi, mais j'aime quand même parler, c'est tout ce qui compte.

Les oiseaux chantent tranquillement dans le parc et le soleile brille haut dans le ciel bleu sans aucun nuage à l'horizon, alors que l'odeur des roses blanches et rouges prédomine toujours dans ce parc. Perdue dans mes pensée, je réfléchis à ma vie et à tout ce qui s'est passé. Que d'évènements marquants ! Mais il paraît que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. J'espère vraiment que ce dicton dit vrai.
Puis une femme s'approche de moi, et me fait même un signe de la main. Je la regarde, la dévisage en essayant pourtant de ne pas paraître trop indiscrète. Qui est-elle ? Je ne l'ai jamais vu par ici. Elle n'habite quand même pas à Wisteria Lane, impossible. A moins que je ne l'aurais pas vu à son emménagement ? Horreur, se pourrait-il que je ne lui ai jamais emmené des cookies en guise de bienvenue ) Wisteria Lane ?! Non, c'est impossible. Impossible. Je l'aurais vu. A moins que... Avec tous ces évènements passés. Enfin bref.
Elle s'approche de moi? Que me veut-elle ? Au moins, elle n'est pas timide. Toujours aussi droite et les mains jointes sur mes cuisses, je lui fais un grand sourire parfait lorsque cette dernière me demande si la place est libre.

"Je vous en prie, assayez-vous, je, la place est libre."

Dis-je alors poliment, toujours un grand sourire aux lèvres, en enlevant mon sac à main que j'avais posé à ma gauche.
Puis je la regarde, intriguée par son allure, mais surtout, intriguée par cette tête inconnue que je n'ai jamais vue auparavant. Si jamais elle habite à Wisteria Lane depuis longtemps et qu'elle m'a rencontré avant que je ne débarque chez elle pour lui offrir mes formidables cookies, je m'en voudrais toute ma vie.
Toujours souriante afin qu'elle ne devine pas mes pensées, je décide finalement de lui poser cette question qui me brûle tant les lèvres.

"Excusez-moi Madame, mais... Il ne me semble pas vous avoir déjà vu. Habitez-vous à Wisteria Lane par tout hasard ?"

Puis me redressant à nouveau, je rajuste ma veste qui n'est pourtant pas froissée, avant d'afficher un nouveau sourire.

J'admire le sourire radieux que cette femme m'offre. Il n'y a pas à redire, elle me semble fort sympathique, très distinguée. Pour ne pas paraître en reste, - bien que je sache ne pas l'être – je redresse un peu plus les épaules, étire mes lèvres à la limite du possible et replace distraitement mes cheveux derrière mon oreille.

"Je vous en prie, asseyez-vous, la place est libre."

-C'est très gentil à vous, je souffle poliment en installant gracieusement mon divin popotin aux côtés de celui de cette charmante femme.

Je sens son regard peser sur moi et soudain je suis inquiète. Est-ce que je dégagerais quelque chose de mauvais ? Suis-je décoiffée ? Non, je ne crois pas. Est-ce que mon décolleté n'est pas trop plongeant ? Non, il me semble parfait. Je m'inspecte avec le plus de discrétion possible, et je suis soulagée quand j'apprends enfin de quoi il s'agit.

"Excusez-moi Madame, mais... Il ne me semble pas vous avoir déjà vue. Habitez-vous à Wisteria Lane par tout hasard ?"

Je cligne des paupières deux ou trois fois, le temps d'analyser correctement la question qui m'est posée. Pas de piège je crois, c'est simplement une formalité dont elle s'enquiert. Excusez ma nature paranoïaque. C'est que, lorsque comme moi on se retrouve persécutée par une personne inconnue, on a le droit de se méfier, de vouloir que tout soit parfait.

-Oh, c'est vrai, nous ne nous sommes jamais rencontrées, je hoquète. Je me présente, Michelle Arden. Et effectivement, je viens tout juste de m'installer à Wisteria Lane, au domaine des Aulnettes, qui appartenait à ma grand-mère avant. Vous l'avez peut-être connue. Elle s'appelait Marielle Arden, McMurphy de son nom de jeune fille. Vous savez, c'est une magnifique propriété, j'ignore si vous avez un jour eu la chance de la visiter. Si non, eh bien je me ferai un plaisir de vous y convier un jour et … oh pardonnez-moi, je m'étends, je parle de moi. Mon frère me le reproche souvent. J'ai oublié de vous demander votre nom.

Je souris timidement. Effectivement, cet overdose d'égocentrisme m'est très régulièrement reproché. Je ramène tout à moi, mais c'est que ma vie est tellement plus vivante que celle des autres.

Lorsque je lla fixe des yeux avec insistances afin de me rappeler si je l'ai déjà vu ici ou non, je vois bien que ma conduite gêne cette jeune femme. J'essaye alors de faire comme si de rien n'était, mais vraiment, ma curiosité me pousse à la regarder.
Ca n'est que lorsque je pose ma question que cette jeune étrangère semble rassurée. Elle n'a pas l'air surprise de ma question. Peut-être que je ne suis pas la seule à le lui avoir posé après tout.
Mais ses yeux semblent clignés longuement. Que se passe-t-il ? A-t-elle compris ma question ou bien faut-il que je la répète. Je n'arrive pas à savoir. Elle m'a l'air méfiante. Pourtant, il n'y a aucun piège dans ma question, je veux juste savoir qui elle est. En tant qu'habitante de Wisteria Lane depuis de nombreuses années, je me dois de me tenir au courant des nouveaux arrivants si je veux être bonne voisine. Mais pourquoi est-elle aussi méfiante ? A-t-elle peur de quelque chose ? Sa réaction étrange m'intrigue. A-t-elle un secret elle aussi ? Décidément, personne ne peut savoir ce qui se passe dans la tête des gens. Ceci me déstabilise. Moi qui ai l'habitude de tout contrôler, je me suis rendue compte ces derniers temps que seul Dieu contrôle tout en fait. Ce qui est normal.

Je sors enfin de mes pensées lorsque la jeuen femme assise à mes côtés répond à ma question pour se présenter.
Mitchelle Arden est son nom ? Jamais entendu parler. Elle doit sûrement être nouvelle ici je présume. Mon doute est confirmé lorsque Mitchelle Arden m'apprend qu'elle vient, en effet, juste d'emménager dans ce beau quartier. Je dois lui faire des cookies. Il ne faut pas que j'oublie. Je les lui apporterai à une heure convenable afin de ne pas la réveiller. Enfin bref. Pour l'instant, Madame ou Mademoiselle Arden débite des paroles à une allure incroyable. J'ai du mal à suivre, mais il me semble qu'elle parle d'elle-même. Il me sembla avoir entendu "domaine des Aulnettes". C'est donc là-bas qu'elle a emménagé en fait ! Puis j'entends le nom de Marielle. Il me semble avoir déjà entendu ce prénom. Je réfléchis.
Effectivement, ce prénom ne m'est pas étranger. J'acquiesse pour lui montrer que je connais cette femme. Même si je ne lui parlais pas beaucoup, jeme souviens de son visage. Quelle charmante vieille femme.

J'essaye de suivre la conversation qui se transforme petit à petit en monologue puisque Mitchelle parle d'elle-même sans arrêt. Est-elle égocentrique à ce point ? J'espère que non, je ne supporte pas les gens non modestes. Enfin, en tant que bonne chrétienne, je ne dois pas juger sur l'apparence. Et je n'ai donc pas l'intention de porter un jugement négatif sur cette femme avant de la connaître mieux. Je préferre malgré tout l'entendre parler d'elle-même, que l'entendre me poser des tas de questions sur moi et sur ma vie qui n'est pas très glorieuse depuis quelques temps.
C'est alors que je l'entends me poser une question. Mon nom. Ah, elle n'a finalement pas oublié les bonnes manières.
Je me redresse, ajuste ma veste ainsi que mon pantalon, et mon sourire qui avait plus ou moins disparu lorsque j'essayais de la comprendre réapparait de nouveau.

"Et bien, vous me voyez ravie de faire votre connaissante Madame Arden".

C'est alors que je me demande si je n'aurais pas dû dire Mademoiselle Arden au lieu de l'appeler Madame. En effet, cette femme me semble plutôt jeune. Mais bon. L'amour ne se commande pas comme on dit. Si ça se trouve, elle est mariée. Tant pis. Elle n'aura qu'à me dire si le titre de "madame" ne la convient pas.
Mon regard se détourne une seconde d'elle. Mon sourire s'efface. Je repense alors à mon mariage, et le visage de Rex reste dans ma mémoire. Nous étions heureux ensemble, mais Dieu me l'a enlevé. Il m'a sûrement puni, et je sais pourquoi. Enfin bref. Le chant incessant des oiseaux me fait sursauter, et c'est alors que je me rends compte que j'ai oublié de me présenter. Je me sens ridicule, mais toujours comme si de rien n'était, je la fixe du regard à nouveau. En effet, il est important de regarder la personne à laquelle on s'adresse. C'est ce que j'ai toujours dit à Andrew et Danielle.
Je souris de nouveau, et j'arrange mes cheveux raides et roux en vitesse, bien qu'ils ne soient pas décoiffés.

"Excusez-moi, je me suis égarée je crois. Je me présente. Bree Van De Kamp."

Je tends alors la main à Mitchelle Arden, afin de la saluer, toujours souriante.

[désolée pour le temps que j'ai mis à te répondre, j'ai eu un léger down de rp...]

Je regarde cette femme si parfaite se mouvoir avec grâce pour effectuer la simple besogne d'ajuster ses vêtements. Je n'ai certes pas autant de délicatesse dans mes mouvements. Je suis soignée dans ce que je fais bien sûr, mais mes gestes sont rapides, je ne prends pas jusqu'au point de replacer une étoffe si par malheur ma respiration l'a faite bouger. Je souris toutefois, amusée par ce soin qui me semble superflue. Cette dame m'apparaît déjà bien ainsi, pas besoin d'en mettre encore plus. Ce n'est pas un bout de tissu qui mettra en doute sa valeur en tant que femme.

"Et bien, vous me voyez ravie de faire votre connaissance Madame Arden".

Madame ? C'est Jesse qui se moquerait en ce moment s'il entendait pareil chose. Je ne peux me retenir d'esquisser un petit sourire. J'ai l'impression d'être mariée. Moi ? Mitch ? Mariée ? Pour un peu je m'esclafferais, mais les convenances m'en empêchent. Cette femme n'a rien dit de si ridicule et elle pourrait être offusquée de mon expression. Je me ressaisis, pensant toujours que le jour où on m'appellera madame, ce sera parce que j'aurai des cheveux blancs. Me marier ? Dire adieu à ma liberté de jeune femme libertine ? À la bonne heure, ça n'arrivera que lorsque je serai incapable de me tenir sur deux jambes, et encore. Le seul homme auquel je sois réellement attachée se trouve à être mon frère, et je serais bien en peine de l'épouser. Je glisse finalement un timide – pas réellement en fait – "mademoiselle" pour qu'elle comprenne son erreur qui n'est déjà pas bien grave.

Je ne suis toutefois pas certaine que mon interlocutrice l'a entendu. Elle semble absorbée dans ses pensées, le regard perdu dans le vague. À quoi peut-elle donc penser ? Elle a l'air si tourmentée et à la fois pas du tout, comme si l'on pouvait voir le masque qu'elle portait mais qu'on le perdait de vue dès qu'on y regardait trop fixement. J'espère qu'elle ne portera pas trop vite son attention sur moi. Ce doit être étrange de sortir de ses rêveries et de trouver deux grands yeux bruns-verts figés sur soi. Après un moment, je détourne à mon tour le regard pour faire mine de ne pas remarquer sa légère absence et me plonger sans grande volonté dans la mienne.

"Excusez-moi, je me suis égarée je crois. Je me présente. Bree Van De Kamp."

Je fais mine de sursauter avant de reporter mon attention sur son joli visage angulaire. Bree Van de Kamp… Je réfléchis un moment à ce nom qu'elle vient de me donner. Ça sonne noble à mes oreilles. Van de Kamp. Jesse adorerait. Il aime l'histoire et le moindre nom un peu hors du commun lui résonne aux oreilles, le plongeant dans ses livres pour en retrouver l'origine et retracer toute son histoire. Je ne sais pas si des détails sur son passé et ses ancêtres pourraient intéresser cette femme. Je n'aborderai pas le sujet. Je laisserai Jesse le faire si elle vient un jour à nous rendre visite, ou encore si nous la croisons sur notre chemin. Nous l'inviterons à dîner - si elle ne le fait pas avant – et nous discuterons toute la soirée à propos de tout et de rien, de futilités, de potins, et d'histoire, car il ne faut pas négliger le principal intérêt de mon frère.
Je serre la main qu'elle me tend avec un large sourire fendu jusqu'aux oreilles, étalant toute la blancheur et la droiture de ma dentition parfaite.

-Eh bien c'est à mon tour de me montrer enchantée, Bree. Vous permettez que je vous appelle Bree ? J'aime me montrer familière avec les gens que je rencontre, cela diminue la distance naturelle se formant entre deux esprits. C'est mon frère qui me l'a dit. D'ailleurs vous-même, vous pouvez m'appeler Michelle, ou Mitch, c'est au goût de l'usager que je laisse ce petit détail… à moins que vous puissiez trouver mieux que ces deux noms…

Je m'arrête, consciente à nouveau que je recommence à babiller sur ma personne. Tout de même, j'aimerais bien que cette femme connaisse mes meilleurs côtés avant de me voir comme la pire des nombrilistes, ce que je ne suis pas, je tiens à appuyer ce fait. Je vais même tenter de le démontrer.

-Vous aimez cet endroit ? je demande. Moi je…

Et je me tais. Moi je… Jesse ne serait que très peu fier de moi.

[lol, t'inquiètes, pas de soucis. ]



Lorsque je prononce le mot "Madame", la jeune femme assise à mes côtés a l'air de sourire. En tout cas, elle m'apparait comme si elle essayait de s'empêcher de rire ou autre chose de ce genre. Qu'ai-je dis ? Peut-être aurais-je dû l'appeler madame ? Mais tout de même ! Ca n'est pas parce que je me suis trompée qu'elle doit se moquer ainsi. Non, peut-être y a-t-il autre chose. Mes cheveux ? Ah non, vite, je passe mes mains tranquillement sur mes cheveyx lisses et roux afin de les coiffer comme il faut s'ils ne le sont pas déjà, ce que je doute fortement. Puis tout en souriant, j'ajuste de nouveau mes vêtements pour être sûr que mes habits ne sont pas la cause de cette espèce de moquerie.
Cette femme ne m'a pourtant pas l'air mal élevée ou désagréable. Peut-être est-ce un défaut de conduite tout simplement, ou peut-être que le léger souffle du vent lui chatouille le cou. Peut-être. Je ne sais plus trop, jusqu'à ce que Madame Arden m'explique finalement que le grade de "Madame" que je venais juste de lui donner était une erreure.

"Oh, Mademoiselle, excusez-moi, je ne savais pas."

Dis-je en souriant, comme j'ai l'habitude de faire. Il est vrai que j'aurais dû demander avant de l'appeler "Madame". Enfin bon. La prochaine fois, je ne referai pas cette erreure. Heureusement que Mademoiselle Arden ne se vexe pas facilement. En tout cas, elle n'a pas l'air de se vexer pour un rien puisqu'elle n'a pas l'air non plus de m'en vouloir pour cette stupide erreure que j'aurais pu sans doute facilement éviter. Enfin bref. Le silence s'installe à nouveau, et une fois de plus, je me perd dans mes pensées jusqu'à ce que je resente le regard insistant de Mademoiselle Arden. Ce sont ces grands yeux verts qui me sortent du bague dans lequel mes yeux étaient perdus. C'est alors que je réalise que je ne me suis pas présentée. Quelle femme mal élevée je dois faire ! J'espère qu'elle ne m'en tiendra pas rigueur. C'est pourquoi je décide de me présenter.
Mademoiselle Mitchelle sursaute ! Je n'ai pourtant pas parler bien fort. Peut-être était-elle elle aussi perdue dans ses pensées ? En tout cas, mon nom de famille semble lui paraître étrange. Ou alors est-ce autre chose qui la tracasse ? Quoiqu'il en soit, la jeune femme semble réfléchir à quelque chose, mais à quoi ? Je fais semblant de ne pas m'y intéresser, ou plutôt, de ne pas m'en rendre compte. Je regarde alors droit devant moi. Des oiseaux volent alors que d'autres, se tenant sur des branches d'arbres, chantent à tue-tête sans jamais s'arrêter. Tant mieux. Leur chant me fait du bien. Il me berce.
Quand enfin Mitchelle Arden prend ma main que je tenais tendue vers elle depuis un bon moment déjà, je me retourne pour la regarder, et je souris de nouveau. Je souris constamment. Un visage accueillant et chaleureux est toujours plus accuillant et paraît toujours plus aimable qu'un autre. De plus, il me semble qu'en souriant, personne ne peut réellement savoir ce qu'il se passe chez moi, dans ma tête ou même dans mon coeur, et ceci me réconforte. Seules mes amies de longues dates ont ce privilège. Et encore... Malgré ce que l'on peut croire, sourire ne me demande pas beaucoup d'efforts. Ceci est devenu naturel chez moi, et je m'en réjouis.

-Eh bien c'est à mon tour de me montrer enchantée, Bree. Vous permettez que je vous appelle Bree ? J'aime me montrer familière avec les gens que je rencontre, cela diminue la distance naturelle se formant entre deux esprits. C'est mon frère qui me l'a dit. D'ailleurs vous-même, vous pouvez m'appeler Michelle, ou Mitch, c'est au goût de l'usager que je laisse ce petit détail… à moins que vous puissiez trouver mieux que ces deux noms…

Cette femme me paraît bien aimable et bien polie. Très bien. Bree ? Elle m'appelle Bree ? Etrange. Sans doute est-ce l'éducation des jeunes aujourd'hui. Enfin bref. Elle ne m'a pas l'air mal élevée. Et puis elle me demande l'autorisation. J'accepte avec joie et en souriant, je réponds.

"Oh bien sûr, appelez-moi Bree, je vous en prie."

Et de nouveau, la jeune femme reprend la parole et se met à parler d'elle-même et de son frère. Elle a donc un frère. Distance naturelle, deux esprits... Je n'arrive pas bien à comprendre ce qu'elle essaye de me dire, mais mon sourire ne s'efface pas pour autant de mes lèvres. Je ne veux pas montrer que je n'arrive pas à suivre la conversation. Ou plutôt, le monologue de Mademoiselle Arden, qui de nouveau, sort du sujet initiale. Cette façon de parler toujours de soi-même, comme le fait Mitchelle Arden me fait sourire intérieurement mais en aucun cas je ne le montre extérieurement.
Enfin, elle m'autorise à l'appeler Mitch, ou Mitchelle tout simplement, sans même que je ne lui demande. Si elle est plus à l'aise avec moi ainsi, je suppose que je dois m'y résoudre. J'accepte volontier en hochant la tête.

"Bien Mitchelle, je vous en remercie fortement".

Dis-je finalement pour montrer que je l'appèlerai Mitchelle et non pas Mitch, qui pour moi, est un surnom réservé aux amis proches ou à la famille, mais certainement pas à des connaissances ou des voisins comme moi.

-Vous aimez cet endroit ?

Me demande-t-elle ensuite. Je regarde un instant autour de moi? Je me demande si elle parle du parc ou de Wisteria Lane, le quartier. Finalement, je décide de parler du parc. J'ouvre la bouche pour sortir un son, quand la jeune femme recommence à parler d'elle-même.

"Moi je..."

Puis elle s'arrête. Pourquoi s'arrête-t-elle donc ? Je ne lui ai pourtant pas coupé la parole. J'attends un court instant, et voyant qu'elle ne reprend pas la parole, je me résous à répondre.

"Oh que oui. Cet endroit, le parc je veux dire, est formiable. C'est presque le seul endroit calme du quartier. Oh, rassurez-vous, notre quartier est très bien, n'ayez aucune crainte. Mais disons qu'ici, la nature est parfaite. Les roses sont toujours bien coupées au milimètre près, les oiseaux volent et chantent devant nous sans aucune crainte, et même l'air du vent me paraît plus léger et plus propre. Disons que c'est un endroit où l'homme peut retrouver la vraie nature qui n'existe quasiment plus de nos jours. Ca n'est pas pour ça que je n'aprécie pas Wisteria Lane. Le quartier en lui-même je veux dire. Ca n'est pas ce que j'ai dit."

Dis-je d'un ton affirmatif et avec assurance pour me faire bien comprendre. Puis je reprends mon sourire habituel. Afin de ne pas faire échouer le début de conversation qu'a essayé d'entreprendre Mitchelle, je lui retourne la question de départ.

"Et vous Mitchelle ? Je sais que vous n'êtes pas ici depuis bien longtemps, mais de ce que vous avez vu, comment trouvez-vous ce parc ? Et Wisteria Lane ?"